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Une porte à ouvrir pour trouver des solutions – Interview croisé

Une porte à ouvrir pour trouver des solutions – Interview croisé

Nous souhaitons vous faire rencontrer aujourd’hui l’une de nos consultantes. Spinelle[1] a 35 ans. D’origine camerounaise, elle est arrivée en Suisse il y a bientôt deux ans. Fabienne Thibert, conseillère au pôle professionnel, a été son premier contact à F-information. Au gré de quelques questions, elles témoignent de l’importance de notre association à Genève.

Qu’est-ce qui vous a amené à F-information?

Spinelle: Je venais d’arriver. Je ne savais pas trop quoi faire à Genève, j’avais besoin de sortir de la maison et envie de travailler. Une amie de mon mari, qui vit en Suisse depuis longtemps, m’a parlé de F-information. Elle m’a dit que c’est une association pour femmes. Je ne savais pas quoi penser car ça n’existe pas dans mon pays. Mais j’étais preneuse de toute information qui me permettrait de trouver du travail, n’importe quel travail.

FT: Je me souviens lorsque vous êtes venue avec votre amie. C’était juste au moment de votre arrivée en Suisse. Vous vouliez travailler, sans avoir d’idée de ce qui pourrait vous convenir. Et aujourd’hui, je vois l’évolution, et je vois que vous avez réussi à vous projeter.

Comment est-ce que F-information a pu vous aider?

Spinelle: Je n’avais jamais travaillé en Suisse. Tout d’abord vous m’avez donné des petits trucs pour faire des recherches, je m’imaginais faire des ménages car c’est le plus facile. Je me suis sentie accompagnée. Et puis, vous m’avez conseillé un bilan de compétences. A partir de là, j’ai appris que j’avais des compétences alors qu’avant j’avais du mal à les trouver! Je me voyais comme une personne à tout faire. J’ai pris conscience que je n’étais pas si nulle, que ce que j’avais fait avait de la valeur. Au départ, j’étais assez motivée pour être aide-soignante. Mais maintenant je suis convaincue que ce que je veux faire, c’est la coiffure.

FT: On a d’abord fait le point sur ce que vous aviez fait, pour pouvoir rédiger votre CV. En vous écoutant, je me suis dit qu’il serait intéressant pour vous de faire un bilan de compétences pour vous permettre de savoir valoriser vos expériences, de prendre conscience non seulement de ce que vous étiez capable de faire, mais aussi de ce que vous aviez envie de faire. Je vous ai alors proposé de contacter Voie F qui propose un bilan où tout le travail de réflexion se fait pendant les cours. Ça a été un investissement important pour vous. (Ndlr : A F-information, nous organisons également des bilans compétences)

Spinelle: C’est vrai. A Voie F j’ai d’abord suivi le bilan de compétence, nous étions 6 personnes. Et puis, durant quatre mois, la formation «projet professionnel». Au début des cours ça a été difficile, je ne comprenais rien, je me demandais : Qu’est-ce que je suis venue chercher ici? Petit à petit, ça a été mieux. Anne la formatrice de Voie F était toujours encourageante, elle faisait tout pour que l’on puisse aller jusqu’au bout, et ça c’était nouveau pour moi.
Après ça, je suis revenue à F-information et j’ai suivi l’atelier «L’art de se présenter en 3 minutes». J’ai beaucoup appris. Je ne savais pas qu’ici il fallait regarder les gens dans les yeux. Ça m’a redonné confiance en moi, dans le monde du travail comme dans ma vie sociale.

FT: En consultation professionnelle on a ensuite réfléchi ensemble aux possibilités d’obtenir une qualification. Je vous ai orientée vers le service Qualification + de la Cité des Métiers. Et pour votre recherche d’emploi en coiffure, nous avons adapté votre CV et préparé une lettre de motivation.

Avez-vous eu l’occasion d’effectuer d’autres consultations à F-information?

Spinelle: J’ai pu rencontrer une juriste, deux fois, pour parler des prestations complémentaires et de la rente d’invalidité de mon mari. Elle m’a bien expliqué la situation, parce que j’avais peur pour la suite. Heureusement, les choses se sont réglées… enfin certaines.
Et puis j’ai aussi rencontré la psychologue. Je ne sais pas très bien ce que ça m’a apporté, si ce n’est une personne qui m’écoute.

FT: Je vous avais proposé cette consultation avec la psychologue pour que vous puissiez parler, et retrouver de l’énergie et de la confiance pour votre projet professionnel.

Qu’est-ce que votre passage a changé pour vous?

Spinelle: Je ne suis pas la même personne. Je n’ai pas encore obtenu tout ce que je recherche, mais j’ai plus de confiance, je suis prête à affronter les challenges. Grâce à F-information et Voie F. J’ai envie de me cultiver un peu plus. J’ai plein de choses à apprendre. D’abord je veux une stabilité financière, car pour le moment je fais des remplacements dans un salon de temps en temps. Ensuite… retourner à l’école, pourquoi pas?
Le pire dans la vie, c’est quand on ne sait pas quoi faire. On vit du stress, des angoisses, on ne sait pas par où commencer.
J’ai comme une rage, une grande envie d’apprendre plein de choses! Et puis j’ai envie d’apprendre à mieux me connaître. Je n’arrête pas de me poser des questions. Avant, je ne savais pas qui j’étais. Aujourd’hui, je veux me comprendre.

Que représente pour vous F-information?

Spinelle: Je suis contente d’être ici. C’est une porte où frapper si j’ai un problème. Avant, je n‘avais personne. Même mon mari ne pouvait pas répondre à mes questions. C’est une chance d’être ici et de trouver des personnes qui peuvent m’aider. F-information, c’est la seule famille que j’ai ici. Je ne peux que dire merci! Pour chaque personne qui arrive à Genève, l’intégration est différente, jamais facile. Ici, il y a peu de vie sociale, même dans les immeubles, et l’accueil chaleureux de F-information, que l’on me prête l’oreille, c’était encourageant. Je suis restée en contact avec les femmes avec qui j’ai fait le bilan de compétences, on a un groupe whatsapp, et surtout avec l’une d’entre elles, on se donne des nouvelles.

FT: Je vous rappelle l’existence du Resi-F, je vous encourage à y participer si vous avez envie de rencontrer d’autres personnes. Je suis heureuse que vous ayez pu faire ce bilan. Le but était que vous preniez conscience de vos ressources pour qu’ensuite vous soyez plus autonome. On voit qu’aujourd’hui vous êtes dans un mouvement, vous faites des démarches actives, vers vous et vers les autres.

[1] Nom d’emprunt